UN LUNA-PARK OUBLIÉ SOUS UN PARC – 8e halte
Un Luna-Park oublié sous un parc
«Les affreux pylônes sont arrachés. Les horribles statues en simili-bronze sont renversées. Les affiches qui salissaient la promenade ont disparu. Les échafaudages qui transformaient l’admirable jardin en une vulgaire place de foire vont s’écrouler à leur tour. L’absurde nom de Luna-Park, qui ne signifie rien eu aucune langue du monde, va tomber dans l’oubli. Le parc des Eaux-Vives ressuscite sous le soleil dans le chant des oiseaux et le murmure des fontaines.»
C’est ainsi,
le 13 juin 1913,
que le Journal de Genève célèbre
«Le réveil du parc des Eaux-Vives»
– c’est le titre –
grâce à la démolition du Luna-Park.
La deuxième mouture
du parc d’attractions,
celle de 1912,
s’est avérée
en effet
aussi peu rentable
que la première.
En janvier 1913,
la société du Luna-Park
est mise en liquidation
et le domaine
est mis en vente.
Que deviendra-t-il?
La presse
met en garde:
«Il sera livré aux géomètres et aux terrassiers, dépecé, morcelé, canalisé, nivelé à droite et à gauche d’une route rectiligne, de petites villas rouges, bleues, mauves et jaunes s’élèveront, à moins que ce ne soient d’immenses bâtisses locatives. Il faudra dire un adieu, définitif cette fois, à la superbe allée de marronniers, aux pelouses si mollement ondulées et si artistement plantées, à la riche végétation de ce parc unique, à l’étang romantique où croassent les dernières grenouilles de l’agglomération urbaine… De tous les côtés la ville envahit la banlieue. Partout s’élèvent des immeubles à 4 ou 5 étages. Il faut aller loin, les dimanches d’été, pour trouver un peu d’espace, de verdure, d’ombre et de fraîcheur, pour laisser le regard se reposer sur des prés, des champs et des arbres… Ne conviendrait-il pas de réserver à proximité immédiate des quartiers populeux quelques coins ombreux où l’on puisse conduire la marmaille et la laisser s’amuser à l’abri des automobiles et de leur poussière?
Fin de citation.
Les Eaux-Vives,
qui sont alors une commune,
rachètent le domaine
grâce à une levée de fonds
auprès de la population.
Elles le rachètent
en s’engageant à prendre des mesures
– nous citons le maire d’alors,
John Gignoux –
«pour que la population y trouve les facilités d’accès, les jouissances honnêtes, hygiéniques, artistiques et paisibles qu’elle peut désirer».
Fini les attractions,
donc,
fini le Cyclone canadien,
le Water-Chute,
les Vagues charmeuses,
le théâtre Tanagra,
l’Afrique mystérieuse,
les promenades à dos de chameaux,
les 16’000 ampoules électriques,
les concours de bébés,
le baron Pouce.
C’est ainsi
que ce parc devient ce parc.
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