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Parc DE la Grange, 2018 – Le Nord perdu de William Favre

Quatre auteur-e-s ont plongé – physiquement et/ou mentalement – dans quatre parcs genevois et ont converti leurs immersions en textes poétiques. Jean Firmann a été au parc La Grange, Philippe Constantin au parc de l’Ariana, Lorenzo Menoud au parc Bertrand, Silvia Härri au parc de la Perle du Lac Une proposition de l’association Poésie ambulante. Jean Firmann –  Le Nord perdu de William Favre L’HISTOIRE est engageante de ce parc immense, puissant sauvage & très beau, même si la sottise appliquée des vivants prétendus, aujourd’hui plus que jamais le menace. Hier matin encore y marchant à petits pas aux côtés de mon chien libre noir assez grand nommé Brusse, j’ai goûté tant que lui la vivante fraîcheur de ses frondaisons larges et hautes et j’y ai contemplé sous le cri rauque des intelligents corbeaux bleus la danse follement électrique de deux papillons dont les ailes étaient d’or – ou plus simplement de bronze peut-être – et qui frétillaient pleins de compagnes et de compagnons autour d’eux, et qui libellulaient & qui zigzaguaient des ailes d’amour dans l’air mieux que nul humain jamais ne sera capable fût-ce de l’évoquer en dansant sur une scène. C’était hier au parc de la Grange. Je veux donc parler du Parc de la Grange et non du parc La Grange comme le nomment sottement par les temps terribles qui couvent les tétaniques numériques & digitaux. Parc de la Grange car dix ans avant que Jean-Jacques Rousseau ne vienne au monde le territoire là-bas descendant en pente douce vers le lac Léman était planté de vignes et gras de pâturages sur cette rive gauche de Genève dont Calvin (selon la rumeur) n’avait jamais voulu admettre la possible existence. Ah! ces juteuses fontaines d’herbe où paissaient des vaches et leurs boeufs, queues battantes au flanc contre la piqûre des taons et le vrombissement obstiné des mouches d’or à tête verte. Pour abriter ces bêtes et lui même, un certain François Franconis, fils de réfugiés huguenots et de marchands redoutables de sel, de blé, de munitions et de métaux plus ou moins lourds y avait construit une vaste grange. Parc de cette grange oui où vivait François Franconis donc à jamais qu’on se le dise. Mais sur la terre au ciel qui tourne, les fortunes sont improbables et volontiers vacillent. Voici donc qu’une famille cossue de Lullin racheta les vingt mille mètres carrés du territoire là-bas descendant en pente douce vers le lac Léman érigeant vers 1720 au cœur de ce vaste espace une impressionnante maison de maître, ses généreuses dépendances & ses puissantes fontaines. Mais les Lullin huitante années plus tard se trouvèrent ruinés par la Révolution française – ah la vache! – ils durent vendre le parc contre écus sonnants et trébuchants à la famille Favre qui elle aussi excellait en triturations de marchandises, en gonflement de marges financières & gaufrages alambiqués de capitaux autant que ses prédécesseurs. Mais ces patriciens calvinistes, ces propriétaires un peu fantasques tout de même, ces banquiers d’argent pur comme divinatoires eurent tout au moins le sacré bon goût plein vert de s’entourer de quelques-uns des botanistes & dendrophiles les plus illuminés du siècle dix-neuvième. Nous n’avons plus au siècle 21 que des dendrologues plantant des arbres en leurs ordinateurs. Et voici que ces copains ensemencèrent idéalement d’espèces fabuleuses le pré des vaches et les vignes à Franconis nous offrant bien deux cents ans plus tard – les Lullin, les Favre – de beaux arbres immenses dont à trente-cinq mètres de hauteur la cime offre aujourd’hui aux hérons cendrés chaque avril de souples & vastes nids ; dont les pins tout aussi hauts sont visités parfois par les cocons phosphorescents – foudre larvaire, brûlante alerte – de la chenille processionnaire; de hêtres communs nus & beaux comme étaient lustrés & vibrants les triplés à peau bleue que la baleine dont les racines chantent fit naître; de ces grands hêtres pourpres au houppier incandescent que prisait tant Cadet Rousselle; de ces platanes puissants dont les feuilles tombant de haut en automne font coussinets luisants aux pieds de ceux qui vont par le trottoir, sans oublier les ifs aux troncs parcourus de profondes veines incarnates, les séquoias à la peau rousse veloutée & spongieuse qui sont venus à pied des Amériques ; et les cèdres majestueux aux larges cimiers tabulaires où les forgerons de Thor tonnent leurs célestes enclumes et jusqu’aux plus humbles marronniers aux fruits bruns qui dès octobre font mousser au sol le shampoing onctueux de leurs saponines. Oui j’aime follement les grands arbres du parc de la Grange, contemplant en toutes saisons leurs vies changeantes, leur génie torsadé, leurs fûts à pattes d’éléphant zébrés de crevasses & de tatouages parfaitement naturels et gravés parfois de cœurs qu’y dessinèrent un soir à l’opinel deux jeunes amoureux pétris de la sauvagerie neuve de plonger nus dans les yeux l’un de l’autre. Et cette forêt dans la ville a le luxe et la chance de connaître des nuits intimes & calmes, cette forêt peut couver et élever ses mystères car ses portes doivent demeurer fermées durant la nuit. C’est ce qu’avait notamment exigé William Favre quand il céda d’un coup très franc en 1917 le parc de la Grange aux citoyens de Genève. La très noble condition est en gros respectée, à l’exception des soirs de plus en plus fréquents où les spectateurs affluent pour aller entendre quelque concert de musique du monde sur la coquille acoustique dite scène Ella Fitzgerald sur une pelouse depuis peu dédiée hélas aux flammes graisseuses et aux fumées saucissonnes des barbecues brutaux ou pour aller voir quelque pièce donnée au Théâtre de l’Orangerie, le TO comme disent les gens tatoués des pieds à la tête et de l’anus à l’hippocampe de graphes hideux, les gens pressés, les gens ratatinés de maintenant. Saluons aussi la grande mare dite lac alpin où, au pied d’un haut saule blanc et d’un autre plus souple pleurant ses rameaux jusqu’à terre, sursautent muettes et giflant l’eau les carpes, où nagent noires les […]

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Parc Bertrand, 2018 – «Un parc qui a presque la forme d’un P ai-je remarqué»

Quatre auteur-e-s ont plongé – physiquement et/ou mentalement – dans quatre parcs genevois et ont converti leurs immersions en textes poétiques. Jean Firmann a été au parc La Grange, Philippe Constantin au parc de l’Ariana, Lorenzo Menoud au parc Bertrand, Silvia Härri au parc de la Perle du Lac Une proposition de l’association Poésie ambulante. Lorenzo Menoud – Parc Bertrand («Un parc qui a presque la forme d’un P ai-je remarqué») 1. je me suis égaré, je marchais suis arrivé dans un parc me suis perdu, dont j’ai oublié le nom, la ville même où il se trouve, « je ne sais bien redire comment j’y entrai »[1], dans un parc qui a presque la forme d’un P ai-je remarqué en en faisant le tour en y marchant le parcourant en tous sens, le nom du parc de la ville n’ont aucune d’importance, l’observant depuis en haut sur un plan, une carte, la forme d’un P comme PARC d’un P comme PERDU et comme PRESQUE, je me suis fourvoyé éloigné du bon chemin, d’un P comme PARCOURIR et comme PLAN, de haut en bas je déambule de gauche à droite, « j’abandonnai la voie vraie »[2], comme j’écris je me promène, portant la promesse d’y être reconnu et reconnaissant je fais quelques pas ramasse une pierre me baisse, une PIERRE qui commence par un P, comme se PROMENER, PORTER, PROMESSE comme PAS, les pas que je fais alors, une pierre qui a la forme d’un P comme PAR dans « parc » dans le parc, une pierre grise qui ne se distingue en rien d’autres pierres grises je vous l’assure, « pierre » comme « perdu » « pierre » comme « presque » « pierre » comme « parc » comme le P de la forme du parc où je me promène à ce moment-là, et je reconnais la pierre, elle m’est familière je l’ai déjà vue je ne sais plus où, à quelle occasion, « promesse » comme « presque » « promesse » comme « parc » « promesse » comme « perdu » comme le P de la forme du parc, je la tiens dans la main, la pierre la promesse, a la forme d’un P comme PLU(S) commence par un P, les pierres les promesses, leurs identités multiples, je la porte dans le parc, ainsi les êtres humains, la garde dans la main fermée, la promesse de la pierre la promesse de la dureté qui lui est associée la promesse de la stabilité sous mes pieds la fermeté de la promesse d’une décision, alors que tout bouge tout le temps dans le monde autour de moi, en dedans, dans ce parc qui a la forme d’un P comme le mot PIEDS, j’avance encore ramasse une branche, je pose la pierre la promesse au sol à la place de la branche j’ai déposé préalablement la pierre la promesse et pris de la même main la branche, j’ai déplacé la pierre la promesse, la main gauche, je l’ai mise à la place de la branche, dans un parc qui a la forme d’un P comme le P de POSER de PLACE de PRÉALABLEMENT et de PRENDRE, je me baisse et saisis cette partie d’arbre cette portion, tronçon d’arbre tombé au sol, PARTIE et PORTION d’arbre commençant par la lettre P la lettre P qui donne forme à ce parc, j’avance dans ce décor comme on se déplace dans un rêve, « alors il s’ébranla, et je suivis ses pas »[3] fin de la première partie 2. c’est une branche une branche de pin, un pin noir d’Autriche me souffle-t-on, le parc a donc la forme d’un P comme PIN, le parc a la forme d’un P non pas comme « noir » ni comme « Autriche », non pas comme « Allemagne » ni comme « Suisse » commenceraient par un P, ni même comme « Genève », ça me revient, je suis à Genève, dans un parc, éperdu, le parc Bertherend, du nom d’une femme, Berthe, d’une femme enceinte, une femme au physique passionné qui vient s’y promener, elle s’y rend, Berthe, avec son enfant à naître dans le ventre et qui parfois, nauséeuse, Berthe, y vomit d’où le nom de ce parc qui a la forme d’un P comme PHYSIQUE PARFOIS PASSIONNÉ commencent par la lettre P, Bertherend signifiant à la fois que Berthe se rend au parc et que Berthe rend dans le parc, un parc où elle se penche et dessine avec sa silhouette comme le P de « parc » et de se PENCHER, un parc qui désormais possède un nom, un parc que l’on a reconnu, et dont le nom a toujours été mal orthographié, dont le nom n’a jamais tenu compte de cette femme, Berthe, qui s’y promène régulièrement, un parc en forme de P qui se trouve à proximité d’un autre parc, comme POSSÉDER et PROXIMITÉ, qui se situe à côté du parc dit « des Contamines », un parc qui, au contraire du parc Bertherend, le parc des Contamines a ostensiblement la forme d’un O, ai-je remarqué, pour autant qu’une lettre puisse être le contraire d’une autre lettre, que le P soit le contraire du O et le O du P, ce dont je doute, bien que l’on puisse dire d’un parc qu’il a la forme d’un P contrairement à un autre parc qui aurait la forme d’un O, sans devoir dire que P est contraire à O, une lettre étant plutôt la négation de toutes les autres lettres, mais pas son contraire, par conséquent P étant non-A non-R et non-C, alors ces deux parcs ensemble, le parc de l’enfance et celui de la bourgeoisie, le parc où tout est encore possible et le parc où tout est déjà perdu, le parc où l’on se baigne nu et celui où l’on se montre habillé, ces deux parcs ici réunis, dont l’un a la forme d’un P comme POUR POUVOIR PLUTÔT POSSIBLE, et dont l’autre a la forme d’un O comme OISEAU OUBLI, comme OUVERTE OSER, ces deux parcs à la suite l’un de l’autre font donc, si on les lit, dans un sens, celui de ma découverte, PO, mais peut-on lire un parc ? tracent ainsi une syllabe sans que l’on ne sache ce que […]

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Les clips de la Mobithèque

Retour en images et en musique sur deux des nombreuses actions proposées par les bibliothécaires au Parc Trembley. Nous vous attendons au parc des Franchises du 18 au 28 juillet, du mardi au vendredi de 10h30 à 18h30. Télécharger le programme de parc en parc au format PDF Atelier slam avec Fafapunk Atelier de land art Blind test littéraire

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Qu’en lira-t-on ? La lecture sous toutes ses formes

Les Bibliothèques municipales sont heureuses de vous présenter l’exposition « Qu’en lira-t-on ? La lecture sous toutes ses formes », la première exposition sur la lecture… sans livre ! Partant du constat que la lecture, bien loin de disparaître, est un plaisir qui se décline désormais sous des formes multiples et inattendues, « Qu’en lira-t-on ? » est une ode à la joie de lire. Inspirée des 10 droits du lecteur de l’écrivain français Daniel Pennac, elle lui ajoute un onzième droit : le droit de lire sans livre. L’exposition présente une série d’installations, interactives pour certaines, qui font vivre les histoires sous des formes poétiques, facétieuses ou captivantes, et dans lesquelles on se plonge debout, assis ou couché. Loin de proclamer la fin du livre en papier tel que nous le connaissons, elle entend célébrer le plaisir de la découverte et de l’imaginaire, mis en mots et en images. Pensée pour tous ceux qui apprécient la lecture, l’exposition s’adresse également au jeune public dès 6 ans. L’exposition a été conçue et réalisée en 2016 par le mudac de Lausanne et adaptée pour le 4ème étage de la Bibliothèque de la Cité, un nouvel espace qui proposera, dès novembre 2017, des ateliers, des formations, des rencontres (et bien d’autres choses encore) autour des cultures numériques et de leur pratique en bibliothèque. Du 6 mai au 28 octobre 2017 Bibliothèque de la Cité – 4ème étage Place des Trois-Perdrix 5 120 4 Genève Commissaire de l’exposition: Nicolas Le Moigne, designer industriel Design graphique: Aurèle Sack, graphiste Illustration: Rachel Suming, illustratrice

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Des livres numériques à la bibliothèque

L’accès au numérique, c’est parfois aussi simple qu’une affiche en papier. Pour sa première incursion dans le domaine, la bibliothèque de la Servette propose de télécharger, sur un smartphone ou sur une tablette, des livres numériques libres de droits. Le principe : une affiche présentant une sélection de titres libres de droits, qu’on aime ou qu’on veut faire découvrir, assortis d’un code QR. Les affiches sont exposées dans la vitrine donnant sur la rue de la Servette. Reste au lecteur curieux de scanner le code (penser à installer une application ad hoc*), et le livre est téléchargé au format PDF. Le pourquoi : parce que des milliers de livres sont déjà disponibles gratuitement sur internet, qu’ils soient tombés dans le domaine public ou que leurs auteurs souhaitent les mettre à disposition. Et parce que ces textes méritent d’être lus, mais ne sont pas toujours mis en évidence. Ceux que nous avons sélectionnés sont de tous bords : des très connus et des ignorés, des anciens et des contemporains, de la fiction, des essais et des documentaires, des lectures courtes ou de longue haleine, proposés par thèmes, selon l’humeur du moment. Évidemment, certains préféreront toujours le livre papier. Mais les deux formats ne sont pas incompatibles, et le numérique présente deux avantages non négligeables : pas besoin de venir les rendre, et ils sont disponibles même en dehors des heures d’ouverture. La collection continue de s’agrandir. Si vous passez rue de la Servette, venez y jeter un œil ! Votre prochain coup de cœur vous y attend peut-être. * Application recommandée : Barcode Scanner

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Le cycle « Cont’our »

Dans le cadre de notre thématique 2107, Voyager, les Bibliothèques municipales vous invitent à suivre un cycle autour des contes, mythes et légendes du monde. Pour honorer ce rendez-vous mensuel, nous invitons des conteurs et des conteuses de la région, connu-e-s pour l’originalité de leur répertoire et l’excellence de leur prestation.Après la séance, découvrez dans nos collections les albums et livres de contes destinés aux jeunes ou aux adultes. Après avoir reçu Catherine Gaillard (photo de gauche)  à la BM des Eaux-Vives le 1er février pour un conte sur le voyage d’Ulysse, c’est la conteuse Casilda qui présentera « Héros antiques et dieux de légendes » samedi 4 mars à BM Servette à 15h00. Plus d’infos sur le site des BM

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Voyager, fil rouge 2017

L’année 2017 se décline autour du fil rouge Voyager qui alimente les propositions culturelles des bibliothèques municipales tout au long de l’année, avec un panorama de voyages des plus classiques aux plus éclectiques. En premier lieu le voyage géographique à travers le monde, son pays ou sa propre ville. Cette année les écrivains-voyageurs sont à l’honneur dans le cycle littéraire « Postface », qui donne rendez-vous chaque mois dans une autre bibliothèque. Pour le plus jeune public, « L’invité du mois » propose une rencontre avec des auteurs qui traitent du voyage. Il sera aussi question de voyager dans sa ville, avec des balades littéraires à Genève et des dérives urbaines pour découvrir la ville comme vous ne l’avez encore jamais vue. Il y a aussi des voyages ratés pour lesquels un concours d’écriture à partir de photos de voyage ratées est proposé. Dès l’automne, l’exposition « Notre île aux épices » qui suit les traces du premier tour du monde parcouru par Ferdinand Magellan (1519-1522) à travers le regard de jeunes, de scientifiques et d’illustrateurs genevois, conclut le périple des BM. Un autre aspect du thème, moins exotique et moins propice à la rêverie, est le voyage forcé. Il sera question d’exil, de migrations, d’immigration mais aussi d’égalité et de respect entre communautés, religions et sexes. Deux manifestations de mars éclairent sur les sujets: la Semaine de l’Egalité et la Semaine contre le racisme. Entre mars et mai, d’autres actions autour de la migration sont au programme, notamment à la Cité avec une petite exposition, un « Invité du mois » témoignant de la Jungle de Calais, ainsi que des rencontres et un spectacle autour de l’exil. Le voyage est aussi une expérience personnelle et intime, en lien avec son propre corps, son univers et ses propres émotions, c’est le voyage intérieur. Au-delà de la pléthore de récits intimistes, introspectifs et initiatiques qu’on retrouve en littérature, au cinéma et en musique, c’est l’exposition d’Emmanuelle Houdart, qui dès avril fera la part belle au voyage intérieur. Avec « Ombres & Merveilles », première exposition en Suisse de l’artiste valaisanne, le public est convié à faire une escale au cœur de son univers graphique, où l’inanimé s’anime, l’animal hybride l’humain, toujours chargé de son parcours personnel et émotionnel. Le voyage est avant tout un moyen de s’évader du quotidien, il peut aussi avoir lieu sur place. C’est le voyage rêvé ou virtuel, qui est à découvrir dans la littérature imaginaire, la science-fiction, et pour les plus jeunes dans « Cont’our », un cycle de contes qui pendant une année fait le tour du monde. Le voyage littéraire peut aussi être virtuel, avec une approche plus numérique qui est proposée dans l’exposition « Qu’en lira-ton – la lecture sous toutes ses formes », à voir dès le mois de mai au quatrième étage de la Cité. Sans quitter votre ville, les BM vous proposent cette année des destinations qui peuvent, peut-être, changer votre regard…      

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Si on bullait ? La bande dessinée documentaire

La bande dessinée documentaire, thème du premier rendez-vous qui a eu lieu le 10 septembre 2016, peut se définir comme « un genre de bande dessinée qui témoigne du réel, souvent pour le commenter. Elle n’est généralement pas distinguée de la bande dessinée de reportage. La bande dessinée autobiographique peut être considérée comme un de ses sous-genres. » (Wikipedia) Il s’agit d’un genre relativement récent qui éclot au début des années 90. Le 9e art peine jusque-là à atteindre le public adultes.  Au fil des succès critiques et populaires (« Maus » de Art Spiegelman, « Pyongyang » de Guy Delisle, « Le Photographe » de Didier Lefèvre et Emmanuel Guibert, « Palestine » de Joe Sacco, « Persepolis » de Marjane Satrapi), le genre gagne progressivement ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, la bande dessinée documentaire est très prisée du public et de la critique. De très nombreuses publications de qualité en attestent. Pour preuve, la création en 2013 de l’excellente « Revue Dessinée » dédiée uniquement à la bande dessinée de reportage, ou l’attribution en 2015 du prix du public à une bande dessinée autobiographique « Carnet de santé foireuse » de Pozla. Le but affiché de la bande dessinée de reportage est de « Présenter au lecteur des faits vrais, documentés et vérifiables afin de de lui permettre de se forger une opinion personnelle argumentée sur un évènement ou une situation réelle. » (Séverine Bourdieu, voir lien sur article dans les commentaires). Par extension, une bande dessinée documentaire sur un sujet donné tente de fournir au lecteur des données « objectives » sur le sujet abordé. La bande dessinée autobiographique livre  un témoignage  « sincère » de la situation vécue par l’auteur. Le point commun de ces trois branches étant le traitement du réel. On peut souligner la puissance de la bande dessinée pour aborder des thématiques documentaires complexes et son bon potentiel de vulgarisation auprès d’un large public. En outre, l’association texte et dessin renforce l’immersion du lecteur et permet d’aborder un sujet de manière originale. Pour ma part, je vois dans la bande dessinée documentaire un très bon moyen de me familiariser avec des sujets variés de manière rapide et agréable. Il n’est pas rare qu’une lecture, sur un sujet qui ne me captivait pas particulièrement au départ, m’ait donné envie d’en savoir davantage. Dernier exemple en date, la lecture du « Mystère du monde quantique » de Dammour et Burniat, dans laquelle on rencontre Planck, Einstein, et bien d’autres physiciens qui nous exposent leurs théories quantiques. On a parfois aussi mal à la tête que le héros, mais on retient quelques bribes malgré d’un savoir passionnant ! Tous les titres présentés, et bien d’autres sont disponibles dans votre réseau de bibliothèques. Liens vers chroniques « BdGest’ » des dix titres représentatifs proposés CATEL, Ainsi Soit Benoîte Groult MACCLOUD, Scott, L’Art invisible TOULME, Fabien, Ce n’est pas toi que j’attendais DAVODEAU, Etienne, Cher pays de notre enfance DELISLE, Guy, Chroniques de Jérusalem LEPAGE, Emmanuel, Un printemps à Tchernobyl SACCO, Joe, Reportages REVUE DESSINEE MONTAIGNE, Marion, Tu mourras moins bête FORNEY, Ellen, Une cas en moins Lien donné pour la préparation de la rencontre BOURDIEU, Séverine, Le reportage en bande dessinée dans la presse actuelle : un autre regard sur le monde

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Si on bullait ? : Incursion dans la bande dessinée atypique

Pour le dernier rendez vous en 2016 de « Si on bullait ? », nous proposions une incursion dans la bande dessinée atypique. La bande dessinée est un art récent qui est loin d’avoir exploré toutes les possibilités de créativité. Elle a longtemps été considérée comme un divertissement, destiné en priorité aux enfants. Les productions, bien que parfois très qualitatives, ont eu tendance à s’uniformiser et à respecter des codes en vigueur chez les auteurs et les éditeurs historiques (p.ex. publication en série, format 46 pages, etc.) Pourtant, dans les années 60-80, de nouveaux courants et de nouveaux auteurs émergent progressivement (bande dessinée documentaire, le roman graphique, p.ex.) et les adultes deviennent un public en soi, avec des attentes bien spécifiques. De plus en plus d’auteurs proposent des styles de narrations différents et des traitements graphiques plus audacieux ou « artistiques » qui se démarquent des créations antérieures. De nouveaux codes du 9e art sont expérimentés, notamment grâce à l’apparition d’éditeurs indépendants qui offrent une plus grande liberté de création aux auteurs. Nous proposions justement de découvrir une série de bandes dessinées contemporaines qui s’affranchissent des codes actuels du 9e art. A noter que ce qui est « atypique » aujourd’hui peut très bien devenir « classique » demain ! Nous avons tout d’abord vu que certains titres peuvent se démarquer principalement par leur forme (originalité du support, de l’objet bd) ou par leur contenu (traitement narratif ou graphique). Parfois par les deux à la fois. Un bel exemple de format atypique est Le Fanzine carré paru aux éditions Hécatombe. Littéralement un cube de 9 cm par 9 cm, qui réunit sur 999 pages, 90 récits, de 90 auteurs différents. Il fallait oser. Autre exemple, la Grande Guerre de Joe SACCO est un rouleau de 9 mètres de long que l’on déplie pour le lire. A noter que la bd numérique, ou « bd augmentée », offre des espaces d’exploration très récents aux frontières entre le cinéma, la musique, l’illustration, et la bande dessinée. Nous avons ensuite évoqué la bande dessinée écrite sous « contrainte ». A la façon de l’ « ouvroir de littérature potentielle » ou « oulipo », mouvement littéraire qui fixe des contraintes pour l’écriture de romans, l’ « oubapo », soit l’ouvroir de bande dessinée potentielle, transpose le principe dans le 9e art. Nous avons passé en revue quelques contraintes utilisées comme la contrainte de la bande dessinée muette. D’autres contraintes moins courantes sont possibles, p.ex., l’utilisation d’un seul plan fixe (Ici de Richard MACGUIRE) ou l’art de raconter une planche en une multitude de styles (99 Exercices de style de Matt MADDEN). Quelques auteurs incarnent encore plus que d’autres la bande dessinée atypique. C’est ainsi que nous avons abordé l’univers d’auteurs qui frappent par leur innovations ou leur prise de risques, comme Chris WARE, Ibn Al Rabin, Jason SHIGA, Brecht EVENS, Marc-Antoine MATTHIEU, Charles BURNS, Ivan BRUN, WINSHLUSS, etc. L’univers de Chris WARE, si particulier, aurait pu faire l’objet d’une rencontre à lui tout seul, tout comme sa dernière création, Building Stories. Une bd déroutante à plus d’un titre ! Alors ? Prêt à partir à la découverte de ces auteurs fascinants ? Liens vers chroniques Bd gest des dix titres représentatifs proposés EVENS, Brecht, Les Amateurs, http://www.bedetheque.com/serie-30847-BD-Amateurs.html SCHALKEN, Tobias, Balthazar, http://www.bedetheque.com/serie-33695-BD-Balthazar-Schalken.html ANDERS, Nils, Big Question, http://www.bedetheque.com/serie-36186-BD-Big-Questions.html BURNS, Charles, Black Hole, http://www.bedetheque.com/serie-3633-BD-Black-hole.html WARE, Chris, Building Stories, http://www.bedetheque.com/serie-45025-BD-Building-Stories.html MACGUIRE, Richard, Ici, http://www.bdgest.com/chronique-6544-BD-Ici-Ici.html?_ga=1.161950715.650022017.1443709832 TAN, Shaun, Là où vont nos pères, http://www.bedetheque.com/serie-14903-BD-La-ou-vont-nos-peres.html MADDEN, Matt, 99 exercices de style,http://www.bedetheque.com/BD-99-exercices-de-style-60221.html MATTHIEU, Marc-Antoinehttp://www.bedetheque.com/serie-44841-BD-Sens.html SHIGA, Jason, Vanille ou chocolat http://www.bedetheque.com/BD-Vanille-ou-chocolat-171438.html CA  

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