Parc La Grange, IIe siècle avant J.-C. – Menhirs et chic romain
Au hasard des travaux entrepris ça et là, le parc recrache un alignement de menhirs allobroges, ou une villa chic romaine…
Le livre_ Les fouilles de la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Vol. 1: Le centre urbain de la protohistoire jusqu’au début de la christianisation, sous la direction de Charles Bonnet, Genève, Droz/Société d’Histoire et d’Archéologie de Genève, 2009
=> Le livre dans le catalogue des bibliothèques universitaires genevoises
L’extrait choisi
«L’éperon s’élevant entre la rivière Arve, qui descend du Mont-Blanc, et le Rhône est formé par une terrasse morainique s’étendant le long du lac Léman vers le plateau des Tranchées. Le haut de la colline et ce plateau sont occupés dès la protohistoire, voire déjà à l’époque du Hallstatt. Au débouché du lac dans le Rhône, des îles ont facilité le passage puisqu’un pont y est déjà lancé avant l’arrivée de César en 58 avant J.-C. Sur la rive droite, dans le quartier de Saint-Gervais, un établissement du cinquième millénaire avant J.-C. a été retrouvé sous le temple protestant. La rade est également un emplacement favorable à l’occupation humaine puisque des stations préhistoriques y ont été repérées. La présence d’un port très ancien au pied de la colline, à proximité d’une petite crique, n’est donc guère étonnante. À un kilomètre et demi, dans l’actuel parc La Grange, un alignement mégalithique et des établissements préhistoriques ou plus récents sont également attestés.
Ce sont les Allobroges qui contrôlent la vaste région à laquell appartient Genua, que les Romains conquerront à la suite de plusieurs interventions militaires. Une agglomération protégée par des fossés directement alimentés par l’Arve se développe à la fin du IIe siècle avant J.-C. à Carouge (Quadruvium).
Il est probable que cette fondation a été occupée par l’armée romaine qui souhaite marquer ses nouvelles frontières septentrionales et protéger les échanges avec l’Europe du Nord, la ville représentant une limite extrême de l’Empire. Les voies de communication jouent un rôle important puisque les itinéraires suivent les bords du Rhône et du lac; ces voies et les cols alpestres ont pu être fixés grâce à la présence de milliaires.
Pour toutes ces raisons et de par sa configuration, la ville antique présente une configuration éclatée. Si le développement de l’habitat préhistorique arrête les premiers choix d’implantation, dès 120 avant J.-C. se manifestent les caractères d’un proto-urbanisme. Le port, les passages sur le Rhône ou sur l’Arve définissent certains axes qui ont joué un rôle majeur dans la constitution du noyau urbain, de même que la mise en place d’une hiérarchie traduisant l’influence progressive des chefs d’une communauté. Dès lors, la réussite économique s’exprime par la construction de somptueuses demeures en ville ou le long des rives du lac, aussi bien au parc La Grange sur la rive gauche que sur la rive droite à Sécheron.»