Close

15 novembre 2018

Parc de l’Ariana – Indiana Jones et les nazis du Léman

Une plongée dans l’imaginaire romanesque du parc du parc de l’Ariana…

Débarcadère et restaurant de l’Ariana, 1900-1909
(Cliquez PLAY pour la version audio de ce récit, lue par la comédienne Carole Schafroth)

Le texte que je tiens entre les mains
est une tentative de comprendre où je suis.

Qu’est-ce que c’est que ce lieu improbable,
incrusté dans le quartier des organisations internationales,
dominant une pente verte qui roule jusqu’au lac?
Quelle est sa place dans le vécu et dans l’imaginaire de cette ville?
Dans quel but y a-t-on planté ce palais hyperbolique?
Quel genre de personne vient y traîner?

Vous m’excuserez de convoquer une référence un peu convenue,
mais il faut le dire:
bien que le nom de ce parc renvoie à une dénommée Ariana,
il s’avère ardu de détecter le fil de cette Ariana-là.
Pourtant, cette Ariana s’appelait bien Ariane,
Ariane de la Rive.
D’ailleurs ce parc allait justement jusqu’à la rive,
où il y avait un port qu’on appelait «port de l’Ariana»
avec un restaurant sur pilotis.
S’appuyant sur la documentation iconographique de l’époque,
c’est-à-dire sur des vieilles cartes postales,
le journaliste Jean-Claude Ferrier de la Tribune de Genève
écrira,

bien plus tard,
que cet établissement ressemblait –
on le cite –
à une pagode chinoise
ou à un gâteau de mariage bavarois.
Le journaliste note aussi que
le restaurant du port de l’Ariana
est démoli
en 1911
parce que son architecture déplaisait semble-t-il très fortement
au public genevois.

Il s’avère ardu, disais-je,
de trouver le fil d’Ariane
qui, de la rive,
conduit au lieu où nous nous trouvons aujourd’hui.
Mais comme nous sommes ici
dans une appendice,
une excroissance
mouvante et connectée
d’un réseau de bibliothèques,
nous avons malgré tout cherché ce fil
en feuilletant des livres.
Et comme nous sommes ici en un lieu,
où l’on explore des choses
réelles et imaginaires
par des voies numériques,
nous avons aussi cherché ce fil
sur le réseau.

Commençons
par ce par quoi il est facile de commencer.

Avant d’être un parc,
ce parc est une campagne
appelée Varembé,
partagée en plusieurs domaines,
dont l’un appartient
à un certain Revilliod.
Revilliod se marie
avec Ariane.
Ariane et Philippe-Léonard
– c’est le prénom du type –
ont un enfant,
Gustave,
qui voyage,
collectionne,
hérite,
agrandit le domaine,
construit ce palais,
meurt célibataire et sans enfants,
léguant ses biens à la Ville
en 1890.

Arrêtons-nous un instant
sur cet ensemble de circonstances.
Vous êtes Gustave,
vous possédez un hôtel particulier
au 12, rue de l’Hôtel-de-Ville,
que vous remplissez d’objets ramenés de partout,
que des gens viennent admirer de partout,
jusqu’au moment où vous vous trouvez à l’étroit:
il faut plus de place
pour cette collection,
pour cette admiration.

Vous décidez donc de construire
un lieu monumental et majestueux
pour abriter et montrer
les 30’000 pièces amassées çà et là.

Pour mettre en route ce projet
vous embarquez
dans une escapade
un jeune homme,
qui a fait des études d’architecture.
Vous l’embarquez
pour qu’il s’imprègne
du style des palazzi somptueux
qu’on bâtissait en 1500, en 1600 ou en 1700
en Italie.
Vous revenez
tous les deux
avec plein d’idées,
vous les mélangez toutes
et vous construisez
votre musée privée.

C’est ça, la vie à la Gustave.

Et vous baptisez votre palais
en hommage à votre mère
qui entre-temps est défunte,
vous laissant un héritage qui,
justement,
vous a permis de dépenser comme ça sans compter.
Vous donnez donc au palais
le nomme d’Ariane,
un petit peu modifié:
Ariana.

Or donc,
au sujet d’Ariane,
il est malheureux de constater que l’intégralité du Web
ne dit presque rien
si ce n’est que le peintre Firmin Massot lui fit à dix-huit ans un portrait
et qu’elle fut ensuite l’épouse de Philippe-Léonard,
puis la mère de Gustave,
et que Gustave écrivit dans son testament
«Ma mère m’a inspiré dès mes plus jeunes ans, et a nourri plus tard en moi les goûts qui ont fait le bonheur de ma vie» –
et c’est à peu près tout.
On peut ainsi dire que l’Ariana célèbre Ariane
en la faisant disparaître.

On part donc tirer les fils qu’on peut
dans le catalogue des bibliothèques
et dans d’autres bases de données,
et on trouve non pas un fil,
mais un petit écheveau passablement échevelé
ayant pour fil rouge un je-se-sais-quoi d’impénétrable et sibyllin.

Si on tire un premier fil
de cette pelote d’Ariane
en tapant «parc» et «Ariana» dans Google Books
on tombe sur
Monsieur Thorpe,
étrange nouvelle d’Emmanuel Bove,
étrange auteur français,
de mère luxembourgeoise et de père russe,
qui fit un bout de scolarité à Genève
au début des années 1910
sous l’identité d’Emmanuel Bobovnikoff,
qui était en fait son vrai nom.
Dans la nouvelle,
publiée en 1930,
on ne sait pas trop ce qui se passe,
si ce n’est peut-être le mystère
souvent perturbant
que les adultes représentent pour les enfants.

«Avant que mes parents eussent quitté Genève, nous habitions dans une maison neuve de la rue de l’École de Médecine, au sixième étage. (…) Ce fut dans cet appartement que je vis pour la première fois M. Thorpe. Mon père l’avait amené à déjeuner, mais ainsi qu’il faisait toujours, sans prévenir ma mère. Je n’avais absolument prêté aucune attention à ce convive, et sans les relations qui suivirent, je crois qu’il eût disparu à tout jamais de ma mémoire. Car, à table, j’étais toujours absent. Je n’avais qu’une pensée, finir rapidement le repas afin de m’éclipser. C’était un supplice pour moi d’attendre que mes parents eussent achevé. Aussi, quand nous avions un hôte et que le repas se prolongeait, je sentais sourdre en moi une grande colère à l’endroit de l’invité qui, sans s’en douter, m’obligeait à rester à table. Finalement, lorsque je pouvais me lever, j’éprouvais un tel soulagement que j’oubliais presque aussitôt celui qui était cause de la lenteur du repas.

J’avais donc complètement oublié M. Thorpe lorsqu’au printemps de l’année 1910 ou 11, je l’aperçus au parc de l’Ariana. Il était assis face au lac et regardait au loin le Mont-Blanc, semblable, vu de cet endroit, au chapeau de Napoléon, ainsi que le disent les petites brochures de propagande. Je ne l’avais pas reconnu mais son visage, l’ensemble de sa personne, m’étaient familiers. J’allais continuer mon chemin, lorsque, tout à coup, il se leva, me sourit et vint à moi. Je m’arrêtai et attendis qu’il m’apprît qui il était, mais il ne paraissait pas s’apercevoir que je ne me rappelais pas son visage. Tout de suite il me demanda comment allaient mes parents. Quand je lui appris qu’ils étaient partis pour le midi de la France, il eut une mine si surprise et si inquiète que je craignis tout à coup d’avoir dévoilé l’adresse de mon père. Au même moment, je me souvins du déjeuner qu’il fit chez nous et je le revis parlant à mes parents. Était-il leur ami ? Je l’ignorais. C’est une faiblesse des enfants de ne pouvoir évaluer le degré d’amitié qu’ont leurs parents pour leurs relations. Ainsi, il m’est arrivé de saluer dans la rue des gens qui étaient des ennemis mortels de mon père sans que je le susse. Et quand, plus tard, la vérité m’a été révélée, je me souviens de mon étonnement qu’ils m’eussent répondu avec un sourire si affable. M. Thorpe me demanda encore dans quelle ville du midi mon père s’était retiré. « À Menton », répondis-je sans oser mentir : car j’avais de commun avec la plupart des enfants ayant assisté de trop près aux luttes de leurs parents, cette appréhension continuelle de leur nuire, de les trahir, de les livrer, de les voir prisonniers à cause de moi, cependant qu’ils me regarderaient, moi, la cause de leur malheur, avec tristesse et impuissance. (…)

— Ils ne vont pas revenir ? poursuivit M. Thorpe.

Ce fut avec brusquerie, avec le besoin peut-être trop visible de réparer la gaffe que je croyais avoir commise en donnant l’adresse de mes parents, que je répondis : « Oh ! non, ils ne reviendront plus ! » Ainsi, je pensais tuer définitivement en M. Thorpe le désir qu’il pouvait avoir de les retrouver afin de leur réclamer quelque chose car, sans doute parce que mon père n’avait pas prévenu son ami de son départ, je supposais qu’il s’était rendu coupable d’une petitesse.

— C’est très ennuyeux, ajouta M. Thorpe.

Une inquiétude vague commençait à m’envahir. Qu’avait-il pu se passer entre les deux hommes ? Je regrettais, à présent, de m’être arrêté, d’avoir traversé ce parc. Parce que j’étais un tout jeune homme et que je venais de découvrir cette vérité, il m’apparut que c’étaient toujours des événements en apparence insignifiants qui déclenchaient les catastrophes. (…)

M. Thorpe devait avoir une cinquantaine d’années. Il était grand et d’une maigreur telle que, malgré moi, je ne pouvais m’empêcher de me le représenter nu. Ses mains étaient longues et décharnées. Il avait des cheveux gris, coupés très courts, et des yeux d’un bleu si lumineux que de son être entier ils apparaissaient en premier. Pendant quelques minutes on ne voyait qu’eux. Ils donnaient au visage une expression tellement pudique, délicate, candide. (…)

Finalement, je fis comprendre à M. Thorpe que je devais rentrer. Il ne me retint pas une seconde et je compris qu’il devait en être toujours ainsi. Eût-il revu, après plusieurs années, un ami qui, après quelques minutes d’entretien, manifestait déjà le désir de s’éloigner, qu’il n’eût j’en suis certain pas tenté davantage de le retenir. Pourtant il me fit promettre de venir prendre le thé, chez lui, le samedi suivant. Puis il se sépara de moi avec les ménagements qu’il eût eus pour une personne de son âge. Plus tard, je me suis aperçu qu’il ignorait vraiment le rang de ses interlocuteurs, qu’il parlait à tout le monde avec la même déférence, qu’il ne choisissait pas ses amis, qu’il suffisait de l’approcher sous un prétexte quelconque pour qu’il se répandît en amabilités.»

Entre-temps, en 1928,
la Ville a décidé de donner une grande partie de ce parc à la Société des Nations
en échange des espaces verts que celle-ci possède au bord de l’eau,
les actuels parcs Moynier et la Perle du Lac.
Il y a là un deuxième fil à tirer,
plus barbelé,
on va essayer de le manier de manière safe,
avec des gants
et peut-être un casque de chantier.

En tapant «parc» et «Ariana» dans Google Books
on tombe sur
Histoire secrète de Genève
de Renée-Paule Guillot

auteure étrange,
ça va sans dire,
historienne lyonnaise avec un penchant pour toute sorte de choses mystiques et initiatiques,
et livre étrange,
évidemment,
paru en 1982
qui attribue à notre ville
une «force occulte»,
une «vocation hermétique»
et un «plan d’évolution spirituel mondial»,
incarnés par les Celtes Allobroges,
puis par les alchimistes du Moyen-Âge,
puis par les ésotéristes du XIXe siècle
puis par l’Organisation des nations unies.

Page 331:
«Vers 1930 un personnage énigmatique séjourne souvent à Genève. (…) Il se nomme Otto Rahn»,
écrit Renée-Paule Guillot.

Rahn est obsédé par le château de Montségur
où à son avis est conservé le Graal,
coupe miraculeuse et bien cachée
qu’on quête en vain depuis quelque huit-cents ans.
Rahn publie donc un livre
intitulé Croisade contre le Graal,
où il explique que les Cathares,
mouvement héritique persécuté partout et réfugié dans le Midi de la France,
étaient «les ultimes gardiens du Graal et les détenteurs d’une tradition initiatique dont les racines plongent dans la préhistoire».

Manque de bol, reprend l’historienne,

«le livre se vend mal et son auteur se débat dans d’inextricables difficultés financières. Mais voici qu’un inconnu lui offre, par écrit, mille marks par mois, un bureau, une secrétaire, pour poursuivre son oeuvre avec un second manuscrit de la même veine que le premier. Ils prennent rendez-vous. L’homme qui le reçoit porte un uniforme noir et lui propose d’endosser le même. En échange de quoi, toute facilité, toute largesse lui seront accordées… Otto Rahn nage dans le bonheur… Le nom de celui qui apprécie son talent et le reçoit si cordialement ne le frappe pas particulièrement: Heinrich Himmler, Reichsführer SS…

Mais, au fil des mois, Rahn éprouve un malaise grandissant et ne parvient plus à écrire. En vain pioche-t-il dans l’abondante documentation et les milliers de notes personnelles. Une angoisse le ronge… Il aperçoit que ses affaires sont fouillées; son téléphone mis sur écoute, son courrier ouvert. Bientôt, il est mis en demeure de fournir un livre pour le printemps 1937; puis un autre pour le 1939. Les textes seront revus et censurés par des spécialistes… Spécialistes de quoi? Et oeuvrant pour qui?»

Rahn,
qui est juif et homosexuel,
se retrouve ainsi recruté comme archéologue par les nazis,
qui sont obsédés par l’ésotérisme,
comme tout le monde le sait.

Evidemment, ça tourne mal,  
mais d’une façon énigmatique.
Otto Rahn meurt
allongé seul sur un glacier des alpes tyroliennes
en 1939.

Mais où est le fil
dans tout ça,
où est le parc d’Ariane?

Un second livre sort, plus ou moins posthume,
intitulée Ars Magna – La cour de Lucifer.
On y trouve les traces du séjour d’Otto Rahn
dans le parc de l‘Ariana.
On y trouve aussi plein de charabia nazi qui,
selon Renée-Paule Guillot,
a été rajoutée après-coup
pour nazifier le livre
une fois éliminé l’auteur.
Voilà en tout cas ce qu’on y lit:

«Le palais de la Société des Nations, d’une blancheur agressive et de dimensions gigantesques, rompt brutalement l’harmonie du paysage genevois qui, autrefois, entre le Jura et Salève et les Voirons, était si pur et si beau. Il s’élève au milieu d’un grand parc dont les citoyens de Genève étaient naguère si fiers et dont ils regrettent aujourd’hui le calme… le parc de l’Ariana. Le nom d’Ariana – ce mot exprime la force qui trame les destins et l’histoire du monde – est devenu une plaisanterie.»

Ben oui,
pour Rahn,
ou pour l’auteur anonyme qui a nazifié son texte,
Aryana,
avec un Y,
c’est le nom des patries successives des Aryens,
peuple mythique qui aurait d’abord vécu dans l’extrême nord arctique,
puis entre l’Inde et l’Iran,
puis dans les fantasmes de la race aryenne.
Mais l’Aryana a été donné à la Société des Nations,
et au projet qui consiste à mélanger les peuples.
Donc Rahn s’enfuit de Genève en maugréant:
«Oh! Le beau parc Ariana de Genève! Oh! Le désolant palais de la Société des Nations!»

Vrai nazi ou nazi malgré lui,
mort suicidé par lui-même ou par autrui,
Rahn inspirera en tout cas le bouillon de culture
où mijotent la trilogie Indiana Jones,
le Da Vinci Code
et l’auteur mexicain Paco Ignacio Taibo II,

écrivain de polars culte,
qui publie en 2001 un roman, Nous revenons comme des ombres,
où Rahn revit,
littéralement,
puis meurt une deuxième fois.

Que conclure?

En 2015,
un poète genevois écrivant sous l’identité de «Benoît Damon»
(qui, soit dit en passant, n’est pas son vrai nom)
publie un recueil appelé Ariana,
issu de la fréquentation obsessionnelle de ces lieux.
L’auteur traîne pendant quatre saison
en observant les rituels des humains et des oiseaux
dans ce parc entre la guerre et la paix,
où il entend les slogan criés sur la place des Nations,
pour ou contre Laurent Gbagbo,
pour les moudjahidines du peuple du camp d’Achraf,
et où il croise une femme qui promène un Setter irlandais:

« »Vous avez vu les morts à la télévision? Enfin, heureusement qu’on a tout ça… » – et d’un bras maigre à peau parcheminée, elle montre le parc, le sommet des arbres, le ciel alentour. Puis s’en va, tirée à bout de laisse par la truffe, le flair hâtif de son chien.»

Un peu plus loin,
page 136,
le poète note aussi que
non seulement Gustave Revilliod baptisa ce parc du nom de sa mère, Ariane,
mais Paul Warfield Tibbets,
pilote de l’appareil qui bombarda Hiroshima,
avait baptisé son avion du nom de sa mère à lui,
Enola Gay.

Le 18 août 2016,
le journal Le Temps
livre un indice susceptible,

peut-être,
de contribuer à éclairer la nature de ce parc.
Dans un article
consacré aux souterrains du Palais des Nations,
le journaliste Dejan Nikolic
se distrait un instant,
oublie de son thème,
pour consigner cette observation en deux parties
sur le déboires du parc automobile
stationné dans l’enceinte de l’Ariana.
La première partie de l’observation
est somme toute banale.
La topographie en faux-plat des lieux
livre parfois les voitures
à l’attraction irrésistible de la pente douce.
«Les employés qui oublient de serrer le frein à main de leur véhicule en font régulièrement les frais.»
La deuxième partie de l’observation
est à la fois plus déconcertante
et plus emblématique.
«À la saison des amours, rapporte-t-il, il arrive que des paons agressent certains pare-brise. Les volatiles confondent leur propre reflet avec la présence d’un rival.»
On en déduit que ce parc est donc un lieu de faux-semblants,
où l’on finit par nouer des rapports étranges
avec soi-même.

On tire le fil,
Ariane reste introuvable,
on trouve à sa place des gens étranges et indéchiffrables,
Emmanuel Bobovnikoff, Monsieur Thorpe, Renée-Paule Guillot, Otto Rahn, Benoît Damon
et même Gustave Revilliod,
dont la question en apparence frivole
de la vie amoureuse
demeure ouverte,
bien qu’on s’accorde pour dire,
entre spécialistes gustavologues,
qu’il aimait les hommes
mais que bien sûr ces amours-là se taisaient
ou se voyageaient
sans laisser de traces.
C’est donc peut-être la vocation de ce lieu,
d’exposer celles et ceux qui le fréquentent à l’insaisissabilité de leurs semblables,
ce qui me pousse à terminer
en vous regardant pour imaginer vos vies secrètes,
et vous,
j’imagine,
à imaginer la mienne.