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Le parc augmenté

Parc La Grange, 1887/1960/2020 – Rasez la mare, qu'on voie les Alpes

La «mare aux canards» était autrefois un lac alpin, auquel désormais on souhaite revenir. Le parc est un éternel recommencement…

Parc La Grange: le lac alpin, mai 1918. Photo: Frank Henri Jullien © Bibliothèque de Genève/Creative Commons, www.notrehistoire.ch. «Le coin favori de M. William Favre, un paysage composé par lui et qu’il avait établi con amore est le petit alpineum reproduisant les blocs et la mare du Faverge au Salève. Il y a là une lande de thym et de bruyères, de vieux troncs de sapins pourris, des arbres rabougris ou élevant de magnifiques frondaisons…» (La Patrie Suisse, Vol. 25, 1918)

L’article_ «Un lac alpin niché au coeur du plus grand parc de Genève», par Valérie Hoffmeyer, Le Matin Dimanche, 09.07.2017

L’extrait choisi
«[L]a mare aux canards».
Une appellation qui fait frémir Claire Méjean, historienne des jardins au Service des espaces verts de la Ville de Genève. Elle qui ne compte plus les jours passés dans ce «monument historique vivant», comme elle aime le définir, rappelle que la «mare» était à l’origine un véritable tableau alpin, bâti non sans peine par William Favre, cent trente ans plus tôt.
À l’époque, on cause diplomatie et affaires du monde dans les salons de la villa. Mais Favre a une autre passion: l’art du jardin et du paysage, et en particulier le paysage des Alpes. Lorsqu’il entreprend les travaux pour la création du lac alpin, il sait déjà qu’il va léguer son domaine à la ville. Les gens pourront voir un véritable petit lac, ceint de cailloux affleurant, d’une pelouse rase et de quelques sapins épars. Simple? Pas tant que cela! Dès 1887 et durant plusieurs saisons, William Favre tient la chronique des travaux dans son journal, qui se lit comme un feuilleton. (…) L’imitation de la nature est un travail pharaonique!
Puis les modes sont passées par là, «surtout à partir des années 60, explique Claire Méjean. Ainsi ont été ajoutés un saule pleureur, des cabanes à canards, des bordures cimentées et une clôture, typiques de ces années tournées vers l’avenir et peu enclines à la mémoire. Vinrent ensuite les carpes et les tortues exotiques, la perte de l’alimentation par les sources et le lent atterrissement du lac.» En clair: il faut agir. «Nous avons commencé l’hiver dernier: débroussaillé, enlevé des arbustes, coupé les branches basses des ifs pour redonner de la visibilité au lac, dégagé les blocs de pierre. Il reste du travail, mais on va peu à peu retrouver l’ambiance d’un lac alpin», détaille Gilles Taramarcaz, en charge de l’entretien des parcs de la rive gauche pour le Service des espaces verts de la Ville de Genève (SEVE). (…)
William Favre (…) rêvait avec son lac alpin d’un site d’initiation à la nature pour les foules urbaines qui n’y avaient pas accès. L’idée a encore du sens aujourd’hui, même à l’heure des avions et du voyage à portée de tous, comme en témoigne cette anecdote: emmenant ses écoliers en balade jusqu’au parc La Grange, cette enseignante de la rive droite a ainsi pu constater que certains de ses élèves n’avaient jusque-là jamais traversé la Rade, ni mis un pied dans le plus grand parc de leur ville…»

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